La Bible et la traduction

par Nov 21, 2019Non classé1 commentaire

Cet article est la suite dans une série sur la fiabilité du texte biblique. L’article précédent est ici.

“On prend 4 traductions de la Bible et elles disent 4 choses différentes ! On ne peut pas être sûr de ce que le texte biblique dit !”

Souvent en discutant de questions relatives à l’interprétation de la Bible, le sujet de la traduction surgit. Je crois qu’en ayant expliqué les bases de la transmission du texte dans les articles précédents (qui commencent ici), nous pouvons facilement corriger une idée reçue : celle que la Bible que nous avons aujourd’hui serait le résultat d’un processus de téléphone arabe et de traductions de traductions, comme si le message original était complètement différent et impossible à connaître aujourd’hui. Parfois j’entends cet argument formulé presque de façon à dire que le message est encore aujourd’hui en train d’être modifié, à cause des nouvelles traductions.

En réalité, le texte biblique d’aujourd’hui est plus fidèle dans ses détails même que les traductions du Moyen-Âge et de la Renaissance, car nous avons à disposition des milliers de copies plus anciennes même que ce que les Réformateurs protestants et le Vatican avaient à leur disposition pendant ces périodes, grâce aux découvertes de l’archéologie et de la technologie digitale moderne permettant de lire des textes illisibles jusqu’à récemment. Aujourd’hui, les traductions du Nouveau Testament sont faites à partir d’éditions critiques du texte grec, qui tiennent compte de toutes les variantes importantes qui pourraient s’y trouver. Il en est de même pour l’Ancien Testament, qui prend même compte des traductions anciennes. De plus, il y a de temps en temps des nouvelles comme celle du “déroulement virtuel” du rouleau de Lévitique le plus ancien qui existe, qui permet de constater que le texte est inchangé !

C’est important de réitérer que même avec les variantes qui existent, dont nous allons parler plus tard, l’intégrité du sens des textes et de la théologie néotestamentaire et vétérotestamentaire est entièrement préservée. Il n’existe pas de variante dans les textes retrouvés qui remette en question la prédication de Jésus, sa divinité, sa crucifixion, résurrection ou autre aspect théologique que les chrétiens de tout temps ont cru. Les variations sont traçables dans les manuscrits et la formulation précise de la grande majorité du texte néotestamentaire peut être affirmée avec confiance par les spécialistes.

“En réalité, si on comparait les deux manuscrits les plus différents du NT, la quantité des variations ne changerait pas fondamentalement le message des Écritures ! Le fait est qu’aucune variante textuelle, que ce soit dans l’Ancien ou le Nouveau Testaments, en aucun cas ne bouleverse, ni ne contredit, pas une seule doctrine essentielle de la foi chrétienne.” James White, The King James Only Controversy, p.67, traduit de l’anglais

Il est vrai aujourd’hui qu’il existe multiples traductions de la Bible. Mais cette question révèle le souci de vulgarisation et de remise à jour du langage plus qu’autre chose. Il existe des traductions plus dynamiques et plus littérales de la Bible, qui permettent à celui avec plus ou moins de connaissances d’y trouver un langage plus adapté, mais cela n’a rien avoir avec une difficulté de discerner quel serait le vrai texte. Il est bien possible qu’il y ait des erreurs de traductions dans l’édition moderne d’une bible, mais ces erreurs ne sont pas basées sur des erreurs de transmission, et elles peuvent être corrigées.

Certes, les traducteurs font des choix. Il est possible de perdre des nuances dans la traduction, c’est pour cela que les lecteurs plus avisés vont aller chercher ces nuances dans les commentaires des théologiens. Mais il n’y a pas de doctrine cachée dans les langues originales qui nous soit inaccessible.

Traductions – la différence entre le Coran et la Bible

Le Coran et la Bible sont radicalement différents de ce point de vue. Le musulman vous dira : “Si vous avez lu le Coran en une autre langue que l’arabe, vous n’avez pas lu le Coran.” Ils voient un élément surnaturel dans la langue par laquelle leur texte est révélé. Cette idée est liée à une doctrine selon laquelle le Coran serait éternel. La question suit alors. Est-il écrit éternellement en arabe, une langue qui nait au début du Moyen-Âge ? Est-il réellement un texte hors d’un contexte historique ? Bien sûr que non, il est écrit dans un contexte historique très évident, parlant de villes et d’événements contemporains à Mahomet.

Les chrétiens n’ont jamais eu cette conception là des Écritures. Elles sont révélées à un moment spécifique à cause d’événements qui ont eu lieu. Elles ne sont pas éternelles, ni écrites uniquement par Dieu, les auteurs de la Bible sont des hommes « portés par Dieu » (2 Pierre 1.21). L’Ancien Testament est en hébreu, car c’était la langue des personnes auxquelles le message était adressé. Des parties sont en araméen, une langue régionale utilisée à l’époque. Le Nouveau Testament est écrit en grec, bien que toutes les paroles de Jésus ne l’étaient très probablement pas. Pourquoi ? Le souci des auteurs du NT était que le monde entier puisse comprendre le message de Jésus et à cause d’Alexandre le Grand, le grec koinê était la lingua franca de l’époque, un peu comme l’anglais aujourd’hui. Depuis, la Bible a toujours été traduite et les chrétiens ne considèrent pas ces traductions comme moins que la Bible elle-même (sauf quand c’est une traduction vraiment mauvaise !). Il n’est pas question d’une supériorité d’une langue sur une autre, car le langage est un don que Dieu nous donne pour communiquer et il ne considère pas une langue plus sainte qu’une autre. Il est au-delà du temps et de nos cultures, mais il peut utiliser le langage des humains pour communiquer des vérités éternelles.

Parfois nous entendons des gens dire : “Mais on ne peut pas communiquer des choses sur ‘Dieu’ à travers le simple langage des hommes.” Dire ça, c’est considérer la communication entre êtres humains comme quelque chose de moins que surnaturel ! L’homme est capable de communiquer des conceptions abstraites, de parler de ses émotions, de faire rêver simplement avec des sons qui reçoivent un sens par convention commune. C’est quasiment un miracle. Le langage, c’est quelque chose qui nous rapproche de Dieu, pas qui nous en éloigne. Et la traduction émane d’une croyance que les hommes peuvent tous et doivent tous comprendre ce qu’on dit, parce qu’ils sont égaux devant Dieu.

Donc l’idée que la Bible d’aujourd’hui serait une traduction d’une traduction d’une traduction est tout simplement fausse ! Et vous pouvez dire aux personnes qui vous l’affirment, “non, ce n’est pas une traduction d’une traduction, mais une transmission fidèle sur une période de milliers d’années.” Et le traducteur biblique n’est pas un traître, c’est généralement quelqu’un qui désire communiquer au mieux le message de Dieu aux hommes de toutes les langues !