ARGUMENT 7 L’élévation de Jésus-Christ n’est pas littérale

Les théologiens musulmans sunnites et ahmadis se battent sur le sens du mot « élevé » (rafa‘) dans le verset : « Ô Jésus, voici que je vais t’achever et t’élever vers moi ».(Sourate 3.55)

Les sunnites disent que c’est une élévation de Jésus corps et âme. Les ahmadiyya disent à l’inverse que c’est simplement une élévation « en rang », une forme de promotion spirituelle comme on la retrouve dans les sourates (6 :84, 7 :176, 19 :56-57,24 :37, 58 :12, 94 :5)

Le verbe rafa‘a signifie élever, mettre au-dessus de, hisser, hausser. La question n’est pas linguistique mais herméneutique. De quelle manière Jésus est-il élevé ? De quelle manière est-il hisser ?

  • Nous notons premièrement les termes : « élevé vers moi » (Rāfi`uka ‘Ilayya). Il semble donc ici que les mots expriment une élévation quelque part : « vers Dieu ».

Bien que dans le Coran le ciel soit avant tout une création de Dieu dans lequel il ne peut être contenu (Sourate 2 : 255) il y a d’autres emplois du mot ciel pour l’associer à la présence même de Dieu :

« Êtes-vous à l’abri que Celui qui est au ciel vous enfouisse en la terre ? Et voici qu’elle tremble !  (Sourate 67 : 16)

« Ou êtes-vous à l’abri que Celui qui est au ciel envoie contre vous un ouragan de pierres ? Vous saurez ainsi quel fut Mon avertissement.  » (67 :17)

Si l’on considère cet usage du mot ciel dans le Coran, le fait qu’Allah attire Jésus « vers lui » où « au ciel » tend à se confondre. De plus l’idée selon laquelle « aller vers Allah » est une élévation physique existe dans le Coran :

« Allah a dit: « Les Anges ainsi que l’Esprit montent vers Lui en un jour dont la durée est de cinquante mille ans ». (Sourate Les voies d’ascensions 70 :4, voir aussi 35 :10, 40 :36-37)

La communauté ahmadiyya se contente de dire que les termes Rāfi`uka ‘Ilayya (élevé vers lui) ne signifient pas élevé vers le ciel et que le terme « ciel » n’est pas présent dans le Coran à ce sujet.

D’autre part, dans l’étrange histoire qui fonde la théorie de la substitution de Jésus chère aux sunnites, Ibn Kathîr rapporte :

« Jésus fut alors élevé au ciel et ses compagnons sortirent de la maison. Les hommes qui entouraient la maison, voyant le ressemblant de Jésus, le prirent la nuit, le crucifièrent et mirent sur sa tête une couronne d’épine »

Qui des deux camps à raison concernant l’élévation de Jésus? Etait ce « au ciel » ou « en rang » ?

Pour les chrétiens nul besoin de débat :

« Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » (Jean 20 :17)

Ici Jésus doit monter vers son Père et son corps de ressuscité doit rester intact.

 Cette élévation au ciel, a donné lieu à la fête de l’ascension dont le verset de fondation est :

« Après avoir dit cela, il fut élevé pendant qu’ils le regardaient, et une nuée le déroba à leurs yeux. 10 Et comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, voici, deux hommes vêtus de blanc leur apparurent, 11 et dirent : Hommes Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu allant au ciel. » (Actes 1.9-11)

Comme je l’ai déjà dit c’est avec son corps glorifié que Jésus est monté au ciel, sous le regard de ses apôtres.

  • Nous notons ensuite le contexte au verset juste au-dessus de 3.55

« Et ils [les autres] se mirent à comploter. Allah a fait échouer leur complot. Et c’est Allah qui sait le mieux leur machination ! » (Sourate 3.54)

Allah à fait échouer le complot des ennemis de Jésus ! Le contexte est donc le moment où les autorités cherchaient à le faire mourir. La question est de savoir de quelle manière Allah a-t-il fait échouer le complot contre Jésus.

-cela peut être comme le pense les sunnites en l’élevant au ciel avant qu’il ne meurt,

– cela peut être comme le pense les ahmadis en échouant de le tuer malgré le supplice de la croix,

-cela peut être, comme le pense les chrétiens, en le ressuscitant des morts après la croix,

Ce qui est sûr c’est que c’est au cœur des complots que le verset « Ô Jésus, voici que je vais t’achever et t’élever vers moi » apparait. Il semble donc étrange que les ahmadis reportent la mort de Jésus à plus tard. Selon le sens du texte, la mort devait lui servir d’échappatoire pour être délivrer des complots, alors pourquoi donc serait-ce une mort retardée dans un autre contexte qui devait intervenir. En quoi la promesse d’être mis à mort par Dieu plus tard serait-elle une bonne nouvelle pour Jésus qui avait besoin d’être délivré de la main des comploteurs sans tarder ?

En réalité la perspective des ahmadis est la plus criminelle : Jésus souffre toutes les atrocités de la croix, pour rien, mais ne meurt pas et n’est donc pas délivré de la main de ses ennemis. Il devra subir plus tard sa vraie mort.

La perspective sunnite est la plus douce pour Jésus mais ne colle ni avec le terme Tawaffa, ni avec les multiples paroles de Jésus dans l’évangiles selon lesquelles ils devaient souffrir et mourir, ni avec les prophéties messianiques qui attestaient depuis des siècles de la souffrance de Christ ?

Nous ne voyons aucune autre alternative que l’explication présentée dans la bible. Jésus est mort, il est ressuscité, il est monté au ciel dans son corps glorifié !