ARGUMENT 11: Le Signe de Jonas
L’histoire de Jonas citée par Jésus dans l’Evangile (Matthieu et Luc ) est invoquée par la communauté Ahmadiyyah pour nier la mort de Jésus à la croix.
Les deux versets en question sont les suivants :
« Comme le peuple s’amassait en foule, il se mit à dire : Cette génération est une génération méchante ; elle demande un miracle ; il ne lui sera donné d’autre miracle que celui de Jonas. Car, de même que Jonas fut un signe pour les Ninivites, de même le Fils de l’homme en sera un pour cette génération. » (Luc 11: 29-30)
« Il leur répondit : Une génération méchante et adultère demande un miracle; il ne lui sera donné d’autre miracle que celui du prophète Jonas. Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. » (Matthieu 12:39-40)
Ces versets font échos à l’histoire bien connu de l’Ancien Testament (AT)
« L’Éternel fit venir un grand poisson pour engloutir Jonas, et Jonas fut dans le ventre du poisson trois jours et trois nuits. » (Jonas 1:17)
« Jonas, dans le ventre du poisson, pria l’Éternel, son Dieu. Il dit: Dans ma détresse, j’ai invoqué l’Éternel, Et il m’a exaucé; Du sein du séjour des morts j’ai crié, Et tu as entendu ma voix. » (Jonas 2:1-2)
L’argument des ahmadis et plus largement des musulmans sunnites est de dire que de la même manière que Jonas fut englouti vivant trois jours et trois nuits par un grand poisson pour en ressortir vivant, Jésus lui aussi est entré vivant en terre pour en ressortir vivant trois jours plus tard. Jésus invoque cette histoire pour montrer la similitude entre lui et Jonas. Tous deux ont affronté une épreuve terrible, tous deux ont prié instamment, tous deux sont ressortis de l’épreuve éprouvés mais sans dommages. Ceci grâce à leur prière fervente.
Hadhrat Maulana Abdu’Ata Jalandhri dit : « En faisant référence au signe de Jonas, Jésus voulait tout simplement signifier qu’il n’allait pas mourir sur la croix. Par conséquent, il y a toutes les raisons de croire que la théorie de l’évanouissement n’est pas fondée sur une fausse hypothèse. »
RéponseUne préfiguration n’est pas une réalisation
Il y a de nombreuses préfigurations de la mort de Jésus dans l’ancien Testament. Face ces nombreuses préfigurations, un argument souvent opposé par les savants musulmans est de dire que ni Isaac, ni Jonas ni Joseph, ni Job ne sont finalement morts. Ils ont au contraire échappé à la mort avec l’aide de Dieu. Ceci est pour eux une preuve que Jésus n’est pas mort lui non plus et qu’il a échappé à la mort. C’est effectivement le jeu du débat que de proposer ce type de réponse mais c’est à mon sens une pirouette d’apologète sans consistance. Tout d’abord par cet argument les musulmans valident l’idée que les épreuves que devaient subir Jésus ont été annoncé et préfiguré dans l’Ancien Testament. Ceci me réjouit grandement ! Ils se distinguent à cet égard du point de vue des juifs talmudistes, qui refusent à Jésus toute vocation prophétique. Il n’est pour eux qu’un maudit pendu au bois. (Deutéronome 21: 22-23)
RéponseQuid du séjour des morts
Notons ensuite un détail que les musulmans ne semble pas voir dans le texte : «Il dit : Dans ma détresse, j`ai invoqué l`Éternel, Et il m`a exaucé ; Du sein du séjour des morts j`ai crié, Et tu as entendu ma voix. » (Jonas 2.3)
→ Dans la Bible le séjour des morts est l’endroit où les âmes attendent la résurrection et le jugement après la mort (Job 7.9 ; Osée 13.14 ; Actes 2.27). Job a donc prié pour sa résurrection. Jonas est probablement mort et s’il ne l’était pas la mention du séjour des morts avaient clairement une portée d’annonce prophétique pour la situation du futur messie.
Outre le cas spécifique de Jonas, une préfiguration n’est pas une réalisation prophétique, sinon la préfiguration ne servirait plus à annoncer la chose à venir.
Réponse l’Exception messianique
Beaucoup de musulman avancent l’idée que Jésus ne pouvait pas prendre sur lui le péché des hommes. Une clé importante à ne pas oublier se situe dans ce que j’appelle régulièrement « l’exception messianique » et particulièrement ce que les théologiens appellent le « schème de la substitution pénale ». Qu’est-ce que cela signifie ?
Dans la Bible il est clair qu’un homme ne peut pas payer pour le péché d’un autre homme. Il est écrit :
« L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité de son père, et le père ne portera pas l’iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui. »(Ezéchiel 18.20)
Ce principe s’appelle « la rétribution » et il est le socle du droit et de la loi religieuse (Genèse 18.25; Deutéronome 24.16; Jérémie 31.29)
Pourtant la mort du Messie fait « exception » puisqu’il est annoncé qu’elle doit servir au rachat des transgressions du peuple. Comme les animaux des sacrifices qui étaient eux-même des substituts, le Messie se substitue au pécheur face à la condamnation de Dieu en prenant sur lui la punition.
Il y a exception messianique parce que le Messie possède lui seul une caractéristique exceptionnelle : de la même manière que les animaux sacrifiés devaient être sans défauts, le Messie devait être innocent. Ainsi, Jésus est l’Agneau sans tache d’Ésaïe 53, c’est à dire la victime sans péché. Si Jésus était un pécheur comme le reste des hommes, il n’aurait pas pu racheter le peuple car il n’aurait pas pu échanger nos souillures contre sa Justice. C’est aussi parce qu’il est le chef de l’humanité, le nouvel Adam qu’il peut porter la responsabilité comme représentant de son peuple (Romains chapitre 5, Colossiens 1.15).
Ainsi la Bible est claire « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ. »(Romains 3.23)
Réponse Les oublis du Coran
Le Coran reprend l’histoire biblique de Jonas qui a été avalé par le grand poisson pendant trois jours puis recraché vivant (Jonas chapitre 2), on y lit :
« Jonas était certes, du nombre des Messagers. Quand il s’enfuit vers le bateau comble, Il prit part au tirage au sort qui le désigna pour être jeté [à la mer].Le poisson l’avala alors qu’il était blâmable. S’il n’avait pas été parmi ceux qui glorifient Allah, il serait demeuré dans son ventre jusqu’au jour où l’on sera ressuscité. Nous le jetâmes sur la terre nue, indisposé qu’il était. »(Coran 37.139-145)
La mention des trois jours disparaît dans le Coran et beaucoup d’autres détails du livre de Jonas au sujet de son ministère prophétique.Tout lien direct entre le malheur de Jonas et la mort de Jésus Jésus disparait. Ces manques ne sont pas anodins puisque Jésus a dit dans l’Évangile au sujet de Jonas :
« Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre » (Matthieu12.39-40)
Jésus déclare que l’épisode du poisson est une préfiguration de sa mort et sa résurrection ! Il ne pouvait s’agir d’une simple évanouissement dans l’esprit de Jésus puisqu’il à lui-même dit à ses disciples que sa mort et sa résurrection avaient été prédites par les prophètes :
Alors Jésus leur dit : O hommes sans intelligence, et dont le coeur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât dans sa gloire ?(Luc 24 :34)
Puis il leur dit : C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils comprissent les Ecritures. Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, (Luc 24 : 44-46)
Alors il commença à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrît beaucoup, qu’il fût rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât trois jours après. (Marc 8 :31)
C’est parce que les ahmadis:
- isolent le verset sur l’histoire de Jonas,
- oublient les affirmation de Jésus sur sa propre mort,
- confonde préfiguration et pré-réalisation,
- ne prêtent pas attention au détail de cette histoire dans l’AT,
que les Ahmadis et le restent des musulmans se targuent de mieux savoir ce qui concerne Jésus que Jésus lui-même à propos de sa mort.