Le chiffre 1 existe-t-il vraiment ?
Vous êtes-vous déjà posé la question de savoir si les chiffres et les nombres existaient vraiment ?
C’est une vraie question, même si elle peut paraître bête de prime abord : « Bien sûr ! Euh, ou pas… Je suis pas sûr, en fait. »
L’athée matérialiste assure qu’il n’existe rien en dehors du monde matériel. Cette question est un défi pour lui.
Les chiffres, existent-ils?
Tous les jours, les hommes utilisent les mathématiques : elles doivent être justes pour éviter des émeutes sur les marchés du monde entier ; elles doivent être justes pour qu’il n’y ait pas d’accidents sur les routes, chemins de fer et pistes d’atterrissage ; elles nous permettent de faire progresser la science et donc sont étroitement liées à l’amélioration de la condition humaine. Mais est-ce qu’elles existent vraiment ?
Voici le chiffre 1. Il est écrit là. Voilà, il existe, sous forme de pixels ou d’encre sur une feuille. Vraiment ? Non. Ce n’est qu’un symbole représentant le chiffre 1. Et il en est de même pour tous les autres chiffres et nombres. En réalité, aucun chiffre n’existe dans le monde matériel. Ce sont des concepts, des pensées, des idées abstraites qui ont un impact extrêmement concret dans le monde réel.
L’argument d’un point de vue matérialiste peut être décortiqué ainsi, même si je pense qu’aucun matérialiste/naturaliste n’oserait le formuler :
Prémisse 1 : il n’existe pas de chose immatérielle.
Prémisse 2 : les chiffres et les nombres sont immatériels.
Conclusion : les chiffres et les nombres n’existent pas.
Le matérialiste, qui revendique souvent un esprit scientifique, est face à un dilemme : il base sa vie sur des choses qui n’existent pas, mais il doit y croire dur comme fer. Si les chiffres n’existent pas, la science ne peut exister et le monde n’aurait aucun sens.
Mais les chiffres et les nombres existent, sur un plan immatériel. Chaque être humain vit instinctivement comme si les chiffres et les nombres étaient des réalités, même ceux qui ne sont pas forts en maths ! Ceux qui nient l’existence des chiffres et des nombres sont aussi ceux qu’on appelle “fous à lier” !
Bien sûr, on peut dire que les chiffres sont des abstractions tirées du monde réel pour mieux l’expliquer. Mais les mathématiques sont une abstraction qui accomplit des choses pour nous dans le monde réel.
Les maths, une question de foi et de raison
L’existence des chiffres et des nombres est une question de foi. Les scientifiques ont foi dans le fonctionnement des mathématiques, même s’ils sont incapables d’expliquer pourquoi les maths fonctionnent. Ils peuvent montrer qu’elles fonctionnent, mais pas pourquoi. Elles fonctionnent, un point, c’est tout.
Dès lors, nous formulons le syllogisme suivant :
Prémisse 1 : les chiffres et les nombres existent.
Prémisse 2 : les chiffres et les nombres sont immatériels.
Conclusion : il existe des choses immatérielles, qui sont indémontrables à moins de présupposer leur existence.
On ne peut donc pas prouver l’existence et le fonctionnement des maths sans faire appel au fait que 2 et 2 font 4 et pas 3, 5 ou 6. Il faut croire aux maths, et ce à travers la foi ET la raison. La raison seule ne suffit pas, tout comme la foi à elle seule ne permet pas de les maîtriser, car elles doivent être étudiées.
Un peu comme Dieu.
Certains philosophes chrétiens vont encore plus loin.
Ils diraient que, puisque les chiffres et les nombres sont des pensées éternelles, puisqu’ils existent indépendamment de nous (si les humains n’existaient pas, les nombres resteraient nécessaires au fonctionnement de l’univers), ils existent forcément dans une pensée éternelle, l’émanation d’une intelligence éternelle. Celle de Dieu.
Ça vous semble tiré par les cheveux ? Suivez-moi encore un peu. Nous avons dit que les mathématiques fonctionnent et sont nécessaires à l’univers et, comme le disent parfois les athées, c’est “comme de la magie, mais c’est vrai.” Les maths sont à l’origine de l’informatique, de l’aéronautique, de l’architecture etc. Elles existent dans nos pensées et elles doivent s’accorder entre les pensées de chaque personne en plus de correspondre à la réalité du monde, sans quoi, l’univers entier cesserait d’exister tel qu’il existe. C’est comme s’il y avait des lois figées et immuables, au-delà de notre existence. S’il y a des lois si fermes, c’est qu’elles viennent d’un législateur, non ?
Cette partie-là du raisonnement ne convaincra pas tous les lecteurs, mais je vous laisse néanmoins avec cette réflexion. Si vous ne croyez pas aux choses immatérielles, croyez-vous aux mathématiques ? Et si les chiffres et les nombres existent, ne devriez-vous pas reconnaître qu’il existe des choses immatérielles auxquelles nous devons croire afin de vivre normalement dans ce monde ? Et quand vous admettez cela, la croyance en un Dieu immatériel, qui régit l’univers par sa pensée, vous semble-t-elle si ridicule après tout ?
Prochain post dans cette série : la logique, est-elle “humaine” ?
* L’argument initial est tiré d’un cours du défunt Prof. Ronald Nash, du Reformed Theological Seminary aux Ètats-Unis.
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