Dieu, Impuissant ou Mauvais ?
Un article a déjà été rédigé sur l’existence du mal et qui explique pourquoi un Dieu « bon » doit logiquement permettre le « mal » pour que l’homme puisse choisir entre Dieu et non-Dieu (je vous invite à le lire ici si vous ne l’avez pas déjà lu).
Attention : le but de cet article est d’engager une réflexion philosophique sur la question posée et non une réponse pastorale pour les victimes de ces actes.
Le contexte
J’ai eu le plaisir récemment de passer la soirée à débattre avec mon beau-frère qui oscille entre l’agnosticisme et l’athéisme. Nous avons débattu sur une multitude de sujets, mais il y en a un en particulier qui était, pour lui, bloquant. Pourquoi Dieu, n’intervient-il pas pour empêcher le viol d’enfants ? Il renchérit en disant que beaucoup de ces crimes sont commis par des hommes « religieux ». Je vais donc vous exposer ici la réponse que je lui ai donnée.
« Soit Dieu est tout-puissant mais pas parfaitement bon, car il n’intervient pas pour empêcher le mal, soit Dieu est parfaitement bon mais pas tout-puissant, car il n’a pas la capacité d’empêcher le mal.«
Dieu, tout-puissant et parfaitement bon ?
Voici une autre façon de poser la question, et qui revient souvent dans les débats. On oppose ainsi la puissance de Dieu avec sa bonté. Soit Dieu est tout-puissant mais pas parfaitement bon, car il n’intervient pas pour empêcher le mal, soit Dieu est parfaitement bon mais pas tout-puissant, car il n’a pas la capacité d’empêcher le mal. Les deux semblent logiquement être en opposition, et le croyant se retrouve obligé de choisir entre l’un des deux.
Et si Dieu intervenait comme dans Minority Report ?
Imaginons la scène. Juste avant qu’un violeur ne s’apprête à commettre son crime, pouf, Dieu intervient et le télé transporte direct en prison ! On se retrouve devant le juge et l’avocat expose la défense de son client « Aucun crime n’a été commis, vous devez libérer mon client ! Comment Dieu peut-il être sûr que ce crime allait être commis étant donné qu’il ne l’a pas été » et pour finir, il exige « montrez moi une victime ou libérez mon client ».
Bon, je vous encourage à regarder le film Minority Report qui poussera plus loin cette problématique, mais ce n’est pas Dieu qui intervient dans ce film, ce sont des équipes de police spécialisées (j’arrête là pour ne pas trop spoiler le film).
Définissons ce qu’est un crime ?
Ok, je lui réponds, disons que Dieu se doit d’intervenir lorsque quelqu’un commet un crime. Mais pour commettre un crime, il faut avoir brisé une loi…. Mais quelle loi ? Est-ce qu’on prend les lois françaises pour tout le monde ou juste en France ? Dans quel cas Dieu devra appliquer les lois islamiques en Arabie Saoudite, les lois hindoues en Inde, les lois communistes en Russie…
Mais Dieu, s’il existe (comme le présume la question), il doit bien avoir ses propres « lois », sa propre définition du bien et du mal, donc pourquoi il n’appliquerait pas celles-ci ? Non seulement ça serait plus facile pour lui (comment trancher certaines lois qui se contredisent ou qui ne s’appliquent pas dans certains lieux, ou pour certaines personnes (les ambassadeurs ont une « immunité diplomatique » … on l’applique toujours ?) … Oh le casse-tête !) mais ne serait-ce pas plus juste pour l’homme d’avoir des règles qui s’appliquent de la même façon pour tout le monde, dans tous les temps, quel que soit le contexte culturel, politique, religieux… Au final, le viol d’enfants, ça rentre bien dans cette case, non ?
Définissons le périmètre d’intervention de Dieu.
Maintenant, est-ce que c’est à nous de définir quels actes mériteraient son intervention, et lesquels il devrait permettre ? Ok pour le viol, mais pas le vol ? Ou plutôt, ok pour le vol si > 500 €, mais pas les vols < 500 € ? Oui mais 500 € en Norvège où le revenu mensuel moyen est de 6186€, ou au Burundi où il n’est que de 21€ ? Regardons à Dieu, Mère Thérèsa et Hitler pour nous aider.
C’est à ce moment que je place deux objets sur la table en lui disant que d’un côté, il y a Mère Thérèsa et de l’autre, Adolphe Hitler. Je lui demande alors de m’indiquer où il placerait le violeur, le voleur, le menteur, et enfin, je lui demande de se placer lui-même… Je vous laisse imaginer les réponses.
Et enfin, je lui demande s’il peut placer Dieu sur cette échelle. Il indique quelques centimètres au-delà de Marie-Thérèse, reconnaissant que Dieu est quand même le plus « bon » de tous. C’est là que je lui explique que si on plaçait le Dieu de la Bible quelque part, il se trouverait à l’autre extrémité de l’univers connu. Voici l’échelle à partir de laquelle nous devons travailler.
Ok, mais comment cela fait-il avancer le schmilblick ?
Je lui demande alors de m’indiquer où il placerait le violeur, le voleur, le menteur, et enfin, je lui demande de se placer lui-même…
Si sur l’échelle de ma table, nous pouvions nuancer la sévérité des actes commis, lorsque nous plaçons le Dieu de la Bible sur cette échelle, il fait tellement exploser l’échelle (car il est « parfaitement bon ») que nos nuances de gris deviennent un point noir qui n’a plus aucune nuance. Si Dieu applique sa loi (qui, du fait qu’il est parfaitement bon, doit donc être parfaitement juste.), il devra donc arrêter tous les péchés.
Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous.
(Jacques 2:10)
On se retrouverait ainsi dans un monde où nous sommes arrêtés avant d’avoir commis le moindre mal, car nous « allions » le commettre…. Mais du fait qu’on ait été arrêté, nous ne l’avons donc logiquement pas commis. Cela veut dire qu’aucune justice ne peut être appliquée car aucun mal n’a été réalisé. Il n’y aurait donc aucune vraie liberté de choisir car les « mauvais » choix seraient avortés avant de pouvoir exister.
les « mauvais » choix seraient avortés avant de pouvoir exister
La conclusion
Si on demande à Dieu d’intervenir lorsqu’un péché est commis, notre vie s’arrêterait là. Nous commettons tous des péchés, tous les jours, croyants et non-croyants. Certains sont visibles, certains sont invisibles. Certains font du mal à d’autres, certains nous font du mal à nous. Mais la définition de ce qui est bien ou mal ne venant pas de nous, mais de Dieu, regardons ce que la Bible nous dit :
22 Il n’y a point de distinction. 23 Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu;
(Romains 3:22-23)
Au final, soulagé que Dieu n’intervienne pas ?
Tous les moments que nous vivons sans que Dieu n’intervienne sont une grâce immense. Nous avons l’opportunité de reconnaître le mal commis, nous repentir de cela et nous tourner vers Jésus pour son aide et son pardon ! S’il intervenait maintenant pour arrêter tous les actes que lui jugerai comme « mal », tout serait fini, ça serait la fin du jeu. On ne pourrait plus rien faire.
Et si c’était comme ça, on se plaindrait en disant que Dieu est injuste, car il ne nous donne pas la possibilité d’agir librement. Peut-être que je n’aurais pas fait ce « mal » et aurais choisi le bien… Tout comme dans « Minority Report », il faut donner à l’homme une certaine liberté pour que le film de sa vie puisse se dérouler et lui donner l’opportunité de faire ses choix. Bons ou mauvais.
Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance.
(2 Pierre 3:9)