Je présuppose, tu présupposes, il présuppose, nous… [Présuppositionalisme 3]
La critique la plus fréquente du présuppositionalisme est celle-ci : « c’est un argument circulaire ».
Oui, et non. Le présuppositionalisme, c’est assumer le fait que nous avons tous un axiome de base. Comme le dit John Frame (cité dans mon article précédent) : « Tout le monde a une échelle de valeurs dans laquelle une préférence intellectuelle prend le dessus sur un autre, jusqu’à ce que nous tombions sur celle qui prend le pas sur toutes les autres. Cette valeur est la présupposition d’une personne donnée. Son engagement fondamental. Son critère ultime. » (The Doctrine of the Knowledge of God, p.126)
Voici les deux plus grandes présuppositions de notre âge :
1. Le scientisme
« Je ne crois que ce que je peux démontrer scientifiquement »
Le scientisme est encore très en vogue, même dans notre âge postmoderne. Pour beaucoup de personnes aujourd’hui, il y a encore une puissance de conviction très forte dans l’argument suivant : « c’est un fait avéré par la science que… ». A l’inverse, dire que « la science n’a jamais démontré que… » est un argument très puissant pour semer le doute dans la pensée de quelqu’un. Il me faudra montrer que ce rationalisme exclusif est en réalité la plus irrationnelle des positions. Je vais prendre un heureux plaisir à faire exploser les catégories de scientistes au cours des prochains articles.
2. L’expérientialisme
« Je suis, moi-même, le critère ultime de ma vérité.
Tu es, toi-même, le critère ultime de ta vérité »
L’expérientialisme est une vision du monde de plus en plus puissante. Pour la majorité des habitants de pays occidentaux aujourd’hui, je n’ai aucun problème avec le fait que tu croies en ceci ou en cela – tant que ça marche pour toi. Les horoscopes, l’hindouisme, le New-Age, le véganisme… Tant que ça fonctionne pour toi, grand bien te fasse. Le revers de la médaille est celui-ci : plus un système de croyance prétend à l’universalité, plus il est considéré faux : il ne respecte pas le présupposé de base de l’expérientialisme. Tout est déconstruit par l’individu. Il me faudra, à mon tour, déconstruire ce déconstructivisme – douter du doute du douteur. Je vais aussi bien m’amuser à faire cela au cours des prochains articles.
Mes quelques prochains articles seront dédiés à critiquer et chercher à ébranler les fondations de ces deux grands axiomes – la science observable et le « moi ».
A très vite pour de nouvelles aventures, en compagnie du présuppositionalisme.