Lors d’échanges avec des amis croyants, j’ai trouvé que le sujet de la mort était souvent une pierre d’achoppement scientifique. D’un côté on associe la mort au « mal » (la Bible dit que c’est le dernier ennemi de Dieu quand même !) et donc qu’elle ne pouvait pas exister avant la chute* (*le premier péché commis par le premier homme qui engendra la « chute » de l’homme). Résultat des courses : il est strictement impossible que la mort existe avant le péché originel* (*le premier péché, le péché à l’origine de tous les péchés). Les conséquences de cette position imposent de fait que ces amis se sentent dans l’obligation de n’accepter que la théorie d’une jeune terre (qui aurait quelques milliers d’années), alors que les indices qu’étudie la science sembleraient indiquer qu’elle soit plus vielle que cela…. en effet l’idée que la mort n’existe que depuis que l’humanité pécheresse existe ne colle pas avec la découverte de fossiles de créatures mortes avant l’apparition de l’homme

Je ne cherche pas dans cet article à défendre une position sur l’âge de la terre ou sur l’évolution, je cherche simplement à enlever certaines barrières qui semblent nous forcer à voir le sujet d’une façon que les textes et la logique même ne nous imposent pas. L’idée ici est donc de garder un esprit ouvert tout en restant convaincu que Dieu est à l’origine de la création, ce point-là, pour moi, étant indéniable (voir arguments cosmologiques, téléologiques, etc).

J’ai essayé de remettre cet argumentaire sous la forme d’un raisonnement logique par syllogisme (prémisse 1 + prémisse 2 = conclusion logique) pour permettre de répondre aux différents points de façon structurée et logique.

  • P1 :        La chute de l’homme entraîna l’arrivée du « mal » dans la création
  • P2 :        La mort étant l’ennemie de Dieu, elle est « mal »
  • C :           La mort ne pouvait donc pas préexister à la chute

Selon la Bible, une fois que Dieu créa l’univers et notamment l’homme, il dit que sa création était bonne (Genèse 1 :31 « Dieu regarda tout ce qu’il avait fait, et il constata que c’était très bon. »). Sur cette base, la création de Dieu ne pouvait pas déjà être contaminée par le « mal » et donc la mort. Une fois que Adam et Eve commirent le « péché originel », le mal « entra » dans la création qui n’était maintenant plus « bonne ». Selon Dieu lui-même elle devient « maudite » (Genèse 3) ! La prémisse P1 semble donc juste.

La prémisse P2 s’appuie notamment sur le verset 1 Corinthiens 15 :26 qui dit que « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort » qui est suffisamment explicite qu’il n’est pas nécessaire de contester cette prémisse.

La conclusion semble donc être parfaitement logique, et c’est ici que les problèmes démarrent. Si en effet la mort ne pouvait pas préexister à la chute, le croyant se voit contraint de rejeter toute preuve scientifique qui donnerait un âge à la terre qui dépasserai ce qui est calculable avec ce que la Bible dit. Si on retourne la conclusion on se retrouve même avec un super argument contre Dieu. Si on peut prouver que la mort existait avant Eden, on peut en déduire que le Dieu de la Bible est soit un menteur (la création n’était pas « bonne »), soit que1 la Bible est fausse.  Que faire donc des fossiles de la période cambrienne qui ont été datés à des centaines de millions d’années ?

Évitons de devenir des chrétiens bornés qui ne pensent qu’il n’y a qu’une façon d’interpréter les choses. Ne nous mettons pas dans une position où nous sommes contraints d’accepter des conclusions qui ont des conséquences dramatiques. Reprenons les prémisses une par une et vérifions si elles sont bien justes sous tous les angles.

Si je vous disais « Oui, la mort est l’ennemie de Dieu » mais que « Oui, la mort existait avant la chute » et donc que « la mort est bien une création parfaite de Dieu », allez-vous arrêter de lire ici en me traitant de blasphémateur ?

Tout d’abord, je dois clarifier quelque chose : le mal n’est pas une création de Dieu (voir article « Et Dieu créa le mal ? »). Pourquoi est-il important de clarifier cela ? Parce que contrairement à ce que beaucoup pensent, la mort n’est pas « mal ».

Comment est-il possible de dire que la mort n’est pas « mal « ? Elle qui souvent utilisée comme exemple du mal « ultime » (combien ont rejeté Dieu car un proche est décédé trop jeune ?). Pour répondre à cela, définissons déjà ce que nous entendons par « la mort ». Seulement ensuite pourrons nous déduire si celle-ci est vraiment « mal ».

Lorsque nous parlons de la mort, nous parlons généralement de la mort naturelle/biologique. Cette mort est garantie pour tous les êtres vivants. Comme les impôts, personne ne peut y échapper. Cependant il existe une autre mort. Autre que la mort biologique. Et cette mort est plus lourde de conséquence. C’est la mort spirituelle. La séparation éternelle de Dieu. Est-il possible que l’une soit une création, et une autre le résultat de la chute ? Est-il possible que l’une d’elles existait avant la chute ? Est-il possible que l’une soit l’ennemi de Dieu, et l’autre non ?

Reprenons notre cas d’Adam et Eve. Si nous prenons la chronologie que nous présente la Bible, ils ont existé il y a environ 6000 ans ( la encore il y a débat mais passons…) cependant la science nous dit que la vie (et la mort) existait bien avant cette période. Comment réconcilier ce que la Bible dit et ce que la science dit ?

La bible nous dit que Adam & Eve ont causé « la chute » de l’homme dans le péché. Leur punition pour cet acte était la mort (Genese 2 :17 « car le jour où tu en mangeras, tu mourras »). Cependant Adam vécu pendant de nombreuses années après. Donc soit la Bible est en erreur, soit-elle ne parlait pas de la mort biologique. La biologie nous dit qu’un être humain renouvelle entre 300 et 800 milliards de cellules par jour. Adam et Eve devaient bien être soumis eux-aussi à ce renouvellement cellulaire… ce qui voudrait dire que leurs cellules « vivantes » devaient « mourir » à un rythme génocidaire. Et cela avant même qu’ils ne commirent le premier péché. Lorsque Adam et Eve mangeait d’un fruit dans le jardin d’Eden, le fruit lui aussi devait passer d’un état de « vie » à un état de « mort ». Et si la mort était une conception de Dieu, elle ne peut être « mal ». Regardons à la Bible. Si nous regardons deux versets, nous avons notre réponse : Dieu encourage l’homme à manger des animaux (genèse 9 :3) et Dieu donne au lion sa proie (Psaume 104 :21). Si la mort était mal, Dieu ne pourrait pas encourager à faire le mal non ?

Nous pouvons donc déduire deux choses : la Bible elle-même distingue deux types de mort, et la mort existait bien avant « la chute ». La Bible ne contredit donc pas la science. La mort peut donc être une création de Dieu sans pour autant être « mal » par nature. Mais comment la mort peut-elle être l’ennemie de Dieu alors ? Comment peut-elle aussi être mal ?

C’est maintenant que nous allons parler de « mort spirituelle », mais avant de rentrer dans le détail, il faut comprendre pour qui cette mort s’applique.

Comme l’indique la Bible et le confirme l’expérience commune, l’homme se distingue de tous les êtres vivants. Ce n’est pas simplement une question d’intelligence et de développement… il y a quelque chose de différent, de particulier avec la race humaine. Le fait qu’il est reconnu pour tout être humain* que la vie d’un bébé a plus de valeur que celle d’un chaton (que ce soit pour l’athée, le théiste, le déiste, le polythéiste, etc) démontre une reconnaissance universelle de la valeur de la vie humaine ! Ce fait est aussi supporté par la Bible qui nous dit que nous sommes différents car Dieu nous a créé en son image (Gen 1v26), et qu’il a insufflé la vie en nous (Gen 2v7) – chose qu’il n’a pas faite pour les autres créatures !

* Vous n’êtes pas d’accord ? La théorie de l’évolution postule que tous les êtres vivants sont issus d’un ancêtre commun (notre soupe préférée : la soup primordiale), et ainsi nous sommes d’une certaine façon cousins (au Nième niveau) avec le gazon de notre jardin (ou parc le plus proche pour les citadins)… mais crions-nous au génocide lorsque quelqu’un passe la tondeuse et massacre tant d’êtres vivants ? Ou lorsque vous passez du gel hydroalcoolique sur vos mains et massacrez des milliards de bactéries vivantes, versez-vous une larme pour eux ? Non, car vous savez au fond de vous que toute vie biologique n’a pas la même valeur.

Il est important donc de comprendre ce qu’il s’est passé lorsque, selon Gen 2v7, Dieu a insufflé la vie en l’homme … si nous nous tournons au texte original, le mot נֶ֫פֶשׁ (ne-fesh) se traduit par « âme ». En effet, c’est à cet instant précis que Dieu insuffle en Adam « l’immortalité » de la vie = l’âme. Ceci est comme un point de démarrage de quelque chose qui sera éternel – le début d’une vie éternelle. (Jean 3:15 “la vie éternelle est ζωὴν αἰώνιον (zōēn aiōnion)” – littéralement « la vie d’âge en âge »). Comme le point de départ d’un laser : il connaît un début mais ne connaît pas de fin !

Un être vivant “sans souffle de vie éternelle” peut donc être classé de “charnel” et est donc très différent et doit être traité différemment d’un être vivant “avec souffle de vie éternelle”. Une cellule, une bactérie, un éléphant, une baleine, ceux-ci rentrent tous dans cette catégorie. Lorsque l’un d’entre eux meurt, c’est la fin, le néant, « rien » – exactement comme la mort est imaginée par les athées. Mais qu’est-ce que “rien” ? Comme le dit Aristote : “Rien, c’est ce dont les rochers rêvent”…

Cela étant dit, maintenant pourquoi la mort d’un être vivant “charnel” est-elle différente de celle d’un être vivant “spirituel”? Que nous dit la Bible ? La mort est bien le dernier ennemi que Dieu doit vaincre (1 Corinthiens 15:26) ?

La mort mentionnée dans Romains 5:12 est clairement identifiée comme une mort biologique. Elle doit être mis en contraste avec la mort mentionnée dans 1 corinthiens 15:26. Cette mort se comprend dans la lumière de la vie éternelle citée dans Romains 5:21.

Il devient donc assez clair que le dernier ennemi de Dieu n’est pas la mort biologique, mais bien la mort spirituelle. La séparation permanente et éternelle de la présence bénissante de Dieu.

Nous pouvons donc mettre les êtres vivants dans deux catégories :

  1. les êtres vivants “charnels”. Des êtres finis sans potentialité d’éternité, ce sont tous les êtres qui sont mis sous la domination de l’homme selon genèse 1 :26-28. Bref, c’est ton chien, le chat de ta voisine, le pou qui a sauté dans les cheveux d’un enfant en maternelle dans l’Oise à 8h ce matin. Leur existence cesse à leur mort.
  2. les êtres vivants qui ont une dimension “spirituelle” à qui Dieu à donné une âme amortel c’est a dire qui n’aura pas de fin bien qu’elle eu un début. Bref, ce sont les hommes, créés en l’image de Dieu a qui il promet la vi éternelle (Jean 3:16 « pour qu’il est la vi éternel ». Leur existence ne cesse pas à leur mort biologique.

Si nous reprenons donc le raisonnement du début nous )pouvons maintenant dire :

  • P1 :        La chute de l’homme entraîna l’arrivée du « mal » dans la création
  • P2:         La mort spirituelle est l’ennemie de Dieu
  • C :         La mort spirituelle ne pouvait donc pas préexister à la chute

Dans ce cas, la mort biologique pouvait tout à fait exister avant la chute. La Bible ne ment donc pas en disant que la création était « bonne » avant le péché originel. Dieu est donc bien le concepteur de la mort biologique mais ne créa pas la mort spirituelle. Celle-ci est la pleine responsabilité de l’homme. Elle est un résultat de la chute de l’homme. Elle est bien le dernier ennemi de Dieu.